Les bulbes hâtifs, premières fleurs du printemps

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Bien que certains bulbes puissent être plantés en juin, c’est principalement à l’automne que l’on plante ceux qui fleuriront notre printemps. Dans cet article, on ne vous parle pas des tulipes et des narcisses, mais plutôt de leurs précurseurs… les premiers bulbes à fleurir.

Souvent méconnus, leurs fleurs offrent pourtant un spectacle animé et hors du commun, à cette période de l’année où la nature s’éveille paresseusement, beaucoup trop lentement à notre goût. Planter des bulbes hâtifs est une merveilleuse façon de métamorphoser nos pelouses éprouvées par l’hiver en un parterre éblouissant!

En plantant différentes variétés de bulbes hâtifs, vous pourriez avoir des fleurs de la fonte des neiges jusqu’au moment où la pelouse commence à verdir, soit près d’un mois et demi. Mais pour pouvoir en profiter, il faudra les avoir plantés à l’automne. Si les conditions leur plaisent, ils se multiplieront et fleuriront à chaque printemps, pour les décennies à venir.

Un tapis de fleurs au printemps : le principe de la pelouse fleurie

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Il est intéressant de penser que les prés alpins qui ont inspiré nos pelouses sont dominés par l’herbe en été, mais couverts de fleurs au début du printemps. Cela vient confirmer à quel point les graminées et les bulbes, par nature, font bon ménage.

Cette belle cohabitation s’explique par le fait que les deux plantes ont un cycle de vie opposé. De l’automne au printemps, les graminées composant nos pelouses entrent en dormance, tandis que les bulbes à floraison hâtive commencent à se développer. Ces derniers continueront leur processus sous la neige l'hiver, pour ensuite développer un feuillage timide et fleurir au début du printemps. Au moment où l'herbe recommence à verdir, les bulbes ont terminé leur magnifique spectacle et se font à nouveau discrets, pour enfin entrer en dormance pendant l’été.

Vous pouvez donc tondre la pelouse comme d’habitude, sans vous soucier des bulbes printaniers. Ils semblent faits pour partager un même emplacement, non?

TRUC DE PRO : Seuls les bulbes à floraison hâtive conviennent pour une plantation dans la pelouse, car ils seront les seuls à avoir terminé leur cycle de croissance avant que le gazon ne requiert d’être tondu. Oubliez les narcisses, les tulipes, les alliums et même les muscaris, qui n’auront pas le temps de fleurir!

Des bulbes au pied des grands arbres

Planter des bulbes dans une pelouse soigneusement entretenue vous brise le cœur? Pensez aux endroits où le gazon est clairsemé, comme au pied des grands arbres. Vos fleurs hâtives seront disparues une fois que les bourgeons se seront transformés en un dense feuillage qui laisse à peine percer le soleil. Elles auront leur place au soleil en temps et lieu et ne vous tiendront pas rancune du fait que vous les ayez plantées à l’ombre!

Les sous-bois tapissés de bulbes sont également féériques! Optez pour des bulbes adaptés à cet environnement. Si le sol est trop dur pour les planter, ajoutez de la bonne terre au pied des arbres et plantez entre les racines! Encore une fois, la cohabitation devrait se faire en toute harmonie.

Une solution pour les pelouses en détresse?

Il faut se rappeler que les bulbes hâtifs que l’on plante dans la pelouse ne sont pas là pour durer. Il ne s’agit donc pas d’une option miracle pour sauver un gazon en perdition. D’autant plus que, si le gazon se porte mal à un endroit de votre terrain, les bulbes ne s’y plairont probablement pas non plus.

Pensez plutôt à terreauter votre pelouse tous les ans en ajoutant 2 cm de bonne terre tous les automnes. Offrez-lui également du compost et sursemez avec un mélange de semences adapté aux conditions ombragées ou ensoleillées, selon le cas. Votre sol contiendra plus de nutriments, votre pelouse sera radieuse et vos bulbes s’y multiplieront rapidement.

Comment planter des bulbes?

La façon la plus simple de planter des bulbes en pleine terre consiste à les regrouper dans un trou commun plutôt que de creuser des trous individuels. Le processus s’en trouve non seulement facilité, mais également remarquablement accéléré.
 
Dans la pelouse, les trous individuels creusés avec un bâton ont le désavantage de compacter le sol, mais cette solution convient si vous n’avez pas envie de prendre les grands moyens. L’autre technique est effectivement plus invasive puisqu’elle consiste à découper la pelouse à une profondeur de 8 cm sur trois côtés (pratiquement comme si vous vouliez l’enlever) et à la replier vers l’arrière. Vous obtiendrez un trou de plantation dont la profondeur est idéale.
 
Ajoutez des mycorhizes sur la terre, puis disposez vos bulbes en les espaçant d’environ 3 fois leur diamètre, ou tel que recommandé sur l’emballage. Bien qu’ils retrouvent leur chemin hors sol et fleurissent même lorsqu’ils sont plantés dans le mauvais sens, on les place pointe vers le haut. La partie plate, d’où émergent peut-être déjà quelques racines, se nomme le plateau. Dans le cas des bulbes qui n’ont pas la forme d’une goutte, il n’y a pas de sens précis, donc inutile de vous casser la tête.
 
Comme les bulbes sont rarement assortis d’un feuillage dense, on les plante en groupe plutôt qu’en isolé, et en grand nombre. Pour un bel effet, plantez les petits bulbes, comme les crocus, les scilles et les perce-neiges, par groupes de 25 et plus. Autrement, les fleurs se perdront dans la nature!
 
Plus il y aura de bulbes, plus l’effet sera spectaculaire. Les petits bulbes sont peu dispendieux et offerts dans des emballages qui en comptent souvent un grand nombre. Sachez également que certains se multiplient rapidement au fil des ans, donc même si le résultat n’est pas celui que vous espériez au premier printemps, vous ne perdez rien pour attendre!
 
NOTRE ASTUCE POUR UNE FLORAISON PROLONGÉE : Plantez à la fois des bulbes très hâtifs, comme les éranthes et les perce-neiges, d’autres qui fleurissent immédiatement après, comme les anémones, les gloires des neiges, les puschkinias et les crocus, et des plus tardifs comme les scilles.
 

Les différents bulbes printaniers à floraison précoce

Les suggestions suivantes entrent dans la catégorie des petits bulbes. Ils conviennent parfaitement à la naturalisation des pelouses.

Le perce-neige (Galanthus nivalis)

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Du haut de ses 15 à 30 centimètres, il se balance élégamment au gré du vent... parfois à quelques centimètres d’un monticule de neige. Cette petite plante aux feuilles rubanées comme celles d’une graminée a une tige florale arquée. Sa fleur suspendue d’un blanc pur s’incline modestement vers le sol, et pourtant le perce-neige est majestueux. En retournant la fleur, on aperçoit une délicate couronne vert et blanc entourée de trois sépales blancs.
 
On le plante à l’automne, pointe vers le haut et à une profondeur de 8 à 10 centimètres, dans un endroit bien drainé qui bénéficie du soleil printanier. Il fait merveille au pied des arbres, entre les vivaces d’ombre. On divise les bulbes après la floraison pour les multiplier puisqu’il ne se ressème pas spontanément.

L'éranthe ou aconit d’hiver (Eranthis hyemalis) 

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L'éranthe est petite (souvent pas plus de 5 à 10 centimètres de haut), mais bien voyante avec ses fleurs d’un jaune éclatant qui célèbrent l'arrivée du printemps. Chaque bulbe produit une courte tige sur laquelle deux feuilles finement découpées forment une élégante collerette sous une fleur unique.

Pour garantir sa floraison, il faut la planter très tôt, dès son arrivée en magasin en septembre ou au début du mois d’octobre. On augmente ses chances de réussite en faisant tremper les bulbes dans l’eau durant 24 heures avant de les mettre en terre et en ajoutant des mycorhizes à la plantation. Une fois bien établie, l'éranthe se satisfait de l’ajout d’un engrais à dégagement lent au printemps. Elle se multipliera ensuite sans aide, par semences, jusqu’à former un tapis éblouissant.
 
Bien que cela n’ait pas été prouvé scientifiquement, l’éranthe pourrait être au nombre des végétaux thermogéniques. Ces derniers produisent de la chaleur au moment de la floraison pour attirer les pollinisateurs particulièrement précoces et leur permettre de se réchauffer avant de poursuivre leur récolte.

La corydale (Corydalis)

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Malgré sa petite taille n’excédant pas les 20 centimètres, la corydale fait une entrée en grande pompe au printemps. Si sa fougue peut faire penser à une invasion, elle laisse totalement indifférentes les plantes partageant son espace. Leur heure de gloire viendra bien assez vite, une fois que la belle des sous-bois se sera évanouie dans la nature, entrant en dormance dans le sol.

Cette plante originaire d’Europe pousse jusqu’en Sibérie. Ses feuilles sont similaires à celles de l’ancolie, et ses fleurs, de couleur violette, rose, rouge ou blanche, portées en grappes d’une vingtaine de fleurons. Chaque fleur est sertie d’un long éperon dressé, légèrement courbé vers l’arrière, qui rappelle la houppe de l’alouette (« korydallis » en grec). C’est d’ailleurs de là que lui vient son nom.

La corydale préfère les sols bien drainés, riches en matières organiques, mais supporte les sols temporairement détrempés au printemps. On reproduit son milieu naturel en étendant un généreux paillis à ses pieds. Elle tolère la mi-ombre, mais préfère l’ombre, ce qui en fait une plante de choix pour les endroits où l’on désespérait de voir un jour fleurir quoi que ce soit.
 
Elle se multiplie spontanément par semences. On peut tenter de récolter ses graines pour fleurir une autre partie du jardin, mais il est difficile de savoir à quel moment. Il faut le faire avant que la capsule n’éclate et celle-ci ne donne pas vraiment d’indices. Si vous parvenez à récolter les semences, sachez qu’elles doivent être mises en terre aussitôt, car elles ne sont pas viables longtemps. Déplacer de jeunes plants est donc beaucoup plus simple.

Ses bulbes tolèrent difficilement l’entreposage et sont donc rarement offerts en magasin. On peut toutefois les commander chez Fraser’s Thimble Farms, Veseys et  Breck’s. Le catalogue Horticlub en propose également une toute nouvelle variété à fleurs rose foncé.

L’iris réticulé (Iris reticulata)

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Il s’agirait de la première variété d’iris qui surgit de terre. Contrairement aux iris de grande taille se développant par rhizomes, les iris du printemps sont de petites plantes à bulbes. En fait, petit est un bien grand mot puisque ce qui caractérise cette variété est le fait de produire des fleurs étonnamment grosses sur une plante minuscule.

La plante d'à peine 15 cm de haut affiche des fleurs d’un diamètre de près de 10 centimètres. Le nombre de bulbes se multipliant au fil du temps, ils finissent par former un tapis étonnant, à la fois dense et merveilleusement détaillé. Le nom de la plante signifie « arc-en-ciel ».  L'iris se décline ainsi dans une panoplie de couleurs du bleu royal au lilas et du violet au rouge pourpré, en plus de proposer des cultivars blancs ou jaunes.

Sous un climat tempéré, on peut parfois apercevoir l’iris réticulé avant la fin de l’hiver, émergeant courageusement de la neige. Sa période de floraison peut varier d’un endroit à l’autre, mais il s’inscrit définitivement parmi les premières fleurs à saluer l’arrivée des beaux jours.
 
Il existe une grande variété d’iris à bulbe mais les centres jardins n’en tiennent souvent qu’une ou deux. Par la poste, le choix est impressionnant. Prenez toutefois le temps de vous renseigner; certains cultivars jaunes ne fleurissent qu’une fois tous les deux ou trois ans. Une toute nouvelle variété vient de faire son arrivée. Outre sa coloration unique d’un bleu-vert orné de jaune et de noir, il se multiple à une vitesse stupéfiante. Une plantation de dix bulbes donne naissance, trois ou quatre ans plus tard, à plus d’une centaine de fleurs.
 
À SAVOIR : les écureuils n’aiment pas les bulbes d’iris. On n’a donc pas à s'inquiéter qu'ils soient déplacés ou dévorés!

Le crocus (Crocus spp.)

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Le crocus fleurit quelques jours après le perce-neige et l’éranthe. Cela dit, planté près d’une fondation côté sud, une fleur pourrait très bien vous surprendre dès la mi-mars.  
 
Il existe un choix impressionnant de crocus, plusieurs étant offerts en magasin : à petites fleurs, à grosses fleurs, à floraison très hâtive, moyennement hâtive ou mi-saison, des pourpres, des blancs, des bleus, des lilas, des jaunes… La plupart sont d'ailleurs bicolores ou tricolores, avec une élégante gorge jaune.

Faciles à cultiver, une fois plantés, les crocus se multiplient rapidement. Ils se contentent d'un emplacement ensoleillé au printemps et d’un sol bien drainé. Comme ce sont des plantes alpines, on peut contourner le problème des sols détrempés en plantant les bulbes dans les rocailles ou les plates-bandes surélevées. En dormance pendant l’été, les crocus commencent à produire des racines lorsque la température s’abaisse, poursuivant leur croissance durant l’hiver. Ils fleuriront chaque printemps pendant des décennies à condition de ne pas tondre leur feuillage avant qu’il n’ait commencé à jaunir.

À SAVOIR : Il existe des cultivars à floraison automnale, le plus connu étant le crocus safran. Eh oui, c’est de lui que provient le safran tant prisé en cuisine. Cette épice, reconnue comme étant la plus dispendieuse au monde, est depuis quelques années produite au Québec. On récolte son stigmate orange pour le faire sécher. Ce crocus doit être planté au début de l’automne, sinon il fleurira dans son emballage!

La scille de Sibérie (Scilla siberica)

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La scille de Sibérie est exceptionnelle, et pas uniquement en raison de sa floraison qui peut se prolonger jusqu’à six ou sept semaines, de la mi-mars au mois de mai. D’une hauteur de quinze centimètres, elle fleurit abondamment et couvre rapidement de très grandes surfaces au pied des arbres, dans les rocailles ou la pelouse.
  
Originaire d’Eurasie, elle fait partie de la même famille que les trilles, indigènes au Canada. Chaque bulbe porte une ou deux tiges florales penchées, ornées d’une fleur bleue étoilée délicatement penchée vers le sol. Le cultivar alba porte des fleurs d’un blanc pur.
 
La scille de Sibérie pousse pratiquement n’importe où et fleurit au soleil comme à l’ombre. Elle apprécie l’ajout de mycorhizes à la plantation et prospère dans les sols riches ou pauvres, acides ou alcalins, secs ou moyennement humides. Par contre, elle tolère difficilement les sols détrempés. Comme son bulbe doit sécher un peu pendant l’été, on évite les emplacements irrigués de façon automatique, constamment arrosés.

La plante étant minuscule, il faut planter les bulbes en groupe. La scille se ressème abondamment et rapidement pour créer des effets saisissants. En quelques années, une plantation de dix bulbes donne lieu à un somptueux tapis d’une superficie d’un mètre carré. En fait, elle se propage si facilement que les mordus de pelouses impeccables la considèrent comme une mauvaise herbe envahissante. Évidemment, les deux peuvent se voisiner sans problème puisque lorsque la pelouse sera belle, les scilles auront complètement disparu.

La gloire des neiges (Chionodoxa)

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Dans ses montagnes européennes d’origine, la gloire des neiges fleurit à la fonte des neiges. Dans certaines régions, on doit toutefois attendre la fin avril ou le début mai pour la voir apparaître. 
 
Sa tige florale ramifiée porte plusieurs fleurs étoilées d’un bleu violet, avec une touche de blanc. Certains cultivars proposent également des fleurs blanches ou roses. Bien que d’apparence délicate, elle est résistante aux insectes et aux maladies, et rustique en zone 3. Elle est également fort généreuse : un seul bulbe se divisera rapidement pour en faire plusieurs.

La gloire des neiges se répand aussi abondamment en semant ses graines à la volée. Celles-ci donneront d’autres bulbes qui fleuriront deux ou trois ans plus tard. Pour un effet grandiose, on naturalise les bulbes dans la pelouse. Après quelques années, votre gazon endormi se couvrira de quantité de belles étoiles. Au moment de la première tonte, il ne restera de la plante que quelques feuilles jaunies ressemblant à s’y méprendre à des brins de gazon.

Le puschkinia (Puschkinia scilloides)

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La fleur du puschkinia rappelle celle de la jacinthe. Sa hampe florale se termine par un épi comptant six à douze fleurs. S’il existe des variétés à fleurs bleues, la majorité des cultivars portent des clochettes blanches marquées d'un trait bleu au centre des pétales.
 
Originaire du Moyen-Orient, où il prolifère dans les zones humides, le puschkinia préfère ici un sol bien drainé et un emplacement légèrement ombragé. Très rustique et facile à cultiver, il fleurit année après année et se multiplie pour gagner rapidement du terrain. Il suffit d’attendre que le feuillage se fane entièrement avant de tondre la pelouse. Au besoin, on peut aussi le déplacer à ce moment. Fort joli, et moins connu que les autres plantes à bulbes printanières, il attirera tous les regards.

Le puschkinia fait partie des bulbes à floraison hâtive qui se portent à la rescousse des pollinisateurs. Une autre bonne raison de le planter chez soi!

L’anémone de Grèce (Anemone blanda)

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L’anémone de Grèce est sans contredit le bulbe printanier qui fleurit le plus longtemps, soit durant quelques semaines, et ce, à compter de mai. Certains cultivars produisent des fleurs blanches, alors que d’autres se déclinent dans une panoplie de nuances de bleu ou de rose.

Ses fleurs à pétales multiples ressemblent à des marguerites ou à des asters. Son feuillage délicat est également très décoratif. Avant de planter les tubercules, on les fait tremper dans l'eau pendant 24 heures.